Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/173

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avait absolument rien d’artiste dans la scène qui venait de se jouer, et que, loin de faire un cinquième acte de drame, elle était tout au plus digne de figurer dans un vaudeville ; il s’indigna contre lui-même d’avoir si mal exploité un si beau sujet, et d’avoir manqué une si belle occasion de faire le passionné.

Comme madame de M*** était une très-jolie femme, et qu’elle méritait indubitablement les honneurs du bis, Rodolphe prit cette résolution subite d’essayer un autre ton et de s’élever tout d’un coup aux sommités les plus inaccessibles de la passion délirante.

Il la saisit à bras-le-corps, d’une telle force, qu’il lui fit presque ployer les côtes.

— Fais-moi un collier de tes bras, ma bien-aimée ! c’est le plus beau de tous !

(Voir Hernani ou l’Honneur castillan, drame en cinq actes et en vers.)

Madame de M*** passa avec docilité ses bras autour du col de Rodolphe et croisa ses petites mains derrière sa nuque.

— Encore, ainsi, toujours !

(Antony, drame en cinq actes et en prose.)

madame de m***. — Mon ami, tu m’as toute décoiffée, et tu emmêles tellement mes cheveux avec tes doigts, qu’il me faudra une heure pour les débrouiller.

rodolphe. — Idolo dello mio cuore (couleur locale), oh ! laisse-moi passer la main dans tes cheveux !