Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/242

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le lapin savant qui tambourinait en l’honneur de Charles X.

théodore. — J’aime mieux que Roderick ait la gueule remplie avec de la bouillie bien chaude qu’avec des sol et des ut, d’autant que très-souvent le sol est un ut et l’ut un sol, et que la bouillie est toujours de la bouillie, et le bâillonne hermétiquement.

philadelphe. — Cela aurait une belle tournure de chanter des romances de société comme des tartines qui sortent de pension.

tous. — Au diable la musique, et le musicien surtout !

roderick. — Qu’allons-nous faire, au bout du compte ?

rodolphe, du ton le plus dithyrambique du monde. — Tête et sang ! messieurs, vous mériteriez bien d’avoir des membranes entre les doigts, car vous n’êtes, à vrai dire, que de francs oisons.

philadelphe. — L’oie est blanche comme le cygne et le cygne est palmé comme l’oie, et l’on court risque de s’y tromper, quand on a la vue courte. Ô mon ami ! l’on voit bien que tu as oublié de chausser tes lunettes ; frottes-en les verres au parement de ton habit, et regarde, tu verras que nous sommes de hauts génies et non des imbéciles, des cygnes et non des oies.

albert. — Oie ou cygne, n’importe ; de loin l’effet est le même. J’ai, en ce moment-ci, un avantage sur toi en particulier, et sur vous tous en général