Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/243

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c’est que j’ai une idée, et que vous n’en avez évidemment pas.

philadelphe. — Est-il fat, celui-là, avec sa prétention d’avoir une idée ! Tu n’as pas plus d’idées que de femmes.

albert. — C’est en quoi tu te trompes, j’ai trois femmes et une idée ; différent en cela de toi, qui as peut-être trois idées, et qui n’as certainement pas de femme.

tous. — L’idée ! l’idée ! l’idée !

albert. — Messeigneurs, la voici ; elle est simple et triomphante. Je m’étonne que pas un d’entre vous ne l’ait eue avant moi.

tous. — Voyons.

albert, solennellement. — Faisons une orgie ! Une orgie est indispensable pour nous culotter tout à fait : il ne nous manque que cela. Nous nous compléterons, et nous passerons la soirée très-agréablement.

tous, avec un enthousiasme frénétique. Bravo ! bravo !

albert. — Rien n’est plus à la mode que l’orgie. Chaque roman qui paraît a son orgie : ayons aussi la nôtre. L’orgie est aussi nécessaire à une existence d’homme qu’à un in-octavo d’Eugène Renduel…

En vérité, je ne sais trop pourquoi j’ai pris la forme du dialogue pour vous narrer ce conte véridique ; il est clair qu’elle s’y adapte fort mal, et la page précédente est un chef-d’œuvre de mauvais goût. Je ne crois pas qu’il soit possible d’écrire d’une