Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/247

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— À gauche, avec les flambarts ; vous êtes les démocrates, c’est pourquoi vous chiquerez du caporal, tandis que ces messieurs fumeront du maryland ; c’est pourquoi vous boirez du vin bleu, comme les filles de Barbier, tandis que les autres boiront du vin de Champagne. Vous vous râperez le gosier avec du rhum et du rack, avec le trois-six et le sacré-chien dans toute sa pureté, tandis qu’ils se l’humecteront avec les onctueuses liqueurs des îles. Ce qui vous prouve que les aristocrates vous sont aussi supérieurs, canailles que vous êtes, que le vin de Chypre est supérieur au vin de Brie.

Les truands se mêlèrent aux flambarts.

— C’est bien, maintenant, où ferons-nous la kermesse ?

— Pas ici, c’est trop petit.

— Dans la maison de Théodore, dans la maison du faubourg, vous savez : il y aura plus de place. Que vous en semble ? — C’est convenu. — À quand l’orgie ? — Il est six heures. — À minuit ; il faut bien cela pour les préparatifs.

— À propos, comment nous arrangerons-nous pour la décoration de la salle ?

— Je ne sais trop comment, à moins de faire plusieurs compartiments comme dans le Roi s’amuse. Il me paraît difficile de concilier la salle à manger du millionnaire de M. de Balzac avec la cuisine de P.-L. Jacob, la petite maison de M. Jules Janin avec l’auberge de Saint-Tropez de M. Eugène Sue.

— Ceci est épineux, et, d’ailleurs, le temps nous