Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/270

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doré, afin de les réveiller et de leur faire honte de leur paresse ; il y perdit son latin.

Il fit ainsi le tour du quartier ; il trouva tout le monde dormant. Il eut beau tirer l’oreille à celui-là, donner une chiquenaude à celui-ci, personne ne se leva que lorsqu’il s’en fut coucher.

Le train de l’orgie avait tenu tous les bourgeois d’alentour éveillés jusqu’au matin. Les maris s’en plaignirent plus que les femmes, et, quelque neuf mois après, la population de l’arrondissement fut augmentée de plusieurs petits épiciers futurs extrêmement intéressants.

Pour nos drôles, ils furent bien surpris de se trouver la figure bleue ou verte ; ils eurent beau se laver, ils ne purent se débarrasser de cette étrange teinte. Le reflet du punch s’était collé à leur peau, et en était devenu inséparable ; ils étaient comme l’Homme-Vert de la Porte-Saint-Martin. Dieu avait permis cela pour les punir d’avoir voulu se rendre autrement qu’il ne les avait faits.

Cela démontre aux jeunes hommes le danger qu’il y a de mettre en action les romans modernes.

J’oubliais de dire que l’estimable société, au sortir de la salle du banquet, fut interceptée par les sergents de ville, et conduite en prison comme prévenue de tapage nocturne.

Bénissons les décrets de la Providence !


fin des jeunes-france.