Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/329

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son s’en était allée. Berthe et Pragmater ne lui survécurent pas longtemps ; Tom mourut, bientôt après, de langueur et d’ennui.

J’ai toujours la croix de perles de Maria. Par une délicatesse charmante dont je ne me suis aperçu que plus tard, elle avait mis quelques-uns de ses beaux cheveux blonds pour enfiler les grains de verre qui la composent ; chaste amour enfantin si pur, qu’il pouvait confier son secret à une croix !

VII

Ces scènes de ma première enfance m’ont fait une impression qui ne s’est pas effacée ; j’ai encore au plus haut degré le sentiment du foyer et des voluptés domestiques.

Comme celle du grillon, ma vie s’est écoulée, près de l’âtre, à regarder les tisons flamber. Mon ciel a été le manteau de la cheminée ; mon horizon, la plaque noire de suie et blanche de fumée ; un espace de quatre pieds où il faisait moins froid qu’ailleurs, mon univers.

J’ai passé de longues années avec la pelle et la pincette ; leurs têtes de cuivre ont acquis sous mes mains un éclat pareil à celui de l’or, si bien que j’en suis venu à les considérer comme une partie intégrante de mon être. La pomme de mes chenets a été usée par mes pieds, et la semelle de mes pan-