Page:Gautier - Les jeunes France, romans goguenards.djvu/390

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Le monde et la redingote de M. Hugo ne peuvent contenir sa gloire et son ventre : tous les jours un bouton saute, une boutonnière se déchire ; il ne pourrait plus entrer dans son habit des Feuilles d’automne.

Quant au plus fécond de nos romanciers, M. de Balzac, c’est un muid plutôt qu’un homme. Trois personnes, en se donnant la main, ne peuvent parvenir à l’embrasser, et il faut une heure pour en faire le tour ; il est obligé de se faire cercler comme une tonne, de peur d’éclater dans sa peau.

Rossini est de la plus monstrueuse grosseur, il y a six ans qu’il n’a vu ses pieds ; il porte trois toises de circonférence : on le prendrait pour un hippopotame en culottes, si l’on ne savait d’ailleurs que c’est Antonio Joachimo Rossini, le dieu de la musique.

Janin, l’aigle et le papillon du Journal des Débats, effondre tous les sophas du dix-huitième siècle sur lesquels il lui prend fantaisie de s’asseoir ; son menton et ses joues débordent de tous côtés et passent par-dessus ses favoris ; l’habit et la redingote trop larges sont des chimères pour lui, et tout spirituel qu’il est, l’on n’oserait pas se hasarder à dire qu’il a plus d’esprit qu’il n’est gros.

L’art est aujourd’hui à un bon point, et M. Alexandre Dumas aussi ; l’africanisme de ses passions n’empêche pas l’auteur d’Antony de devenir très-dodu ; sa taille de tambour-major est cause qu’il ne paraît pas aussi gros que ses rivaux en génie, ce-