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DANIEL JOVARD
OU
LA CONVERSION D’UN CLASSIQUE

Quel saint transport m’agite, et quel est mon délire !
Un souffle a fait vibrer les cordes de ma lyre ;
Ô Muses, chastes sœurs, et toi, grand Apollon,
Daignez guider mes pas dans le sacré vallon !
Soutenez mon essor, faites couler ma veine,
Je veux boire à longs traits les eaux de l’Hyppocrène,
Et, couché sur leurs bords, au pied des myrtes verts,
Occuper les échos à redire mes vers.

Daniel Jovard, avant sa conversion.


Par l’enfer ! je me sens un immense désir
De broyer sous mes dents sa chair, et de saisir,
Avec quelque lambeau de sa peau bleue et verte,
Son cœur demi-pourri dans sa poitrine ouverte.

Le même Daniel Jovard, après sa conversion.


J’ai connu et je connais encore un digne jeune homme, nommé de son nom Daniel Jovard, et non autrement, ce dont il est bien fâché car, pour peu qu’on prononce à la gasconne b pour v, ces deux infortunées syllabes produisent une épithète assez peu flatteuse.