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La


Musique Japonaise





L’exquise Loïe Fuller, fleur de feu, reine du prisme, dont les danses de lumière jamais ne lassent l’admiration, c’est elle qui, dans cette rue de Paris si vulgairement tintamarresque, offre un spectacle vraiment artistique et, pour ainsi dire, sauve l’honneur.

Elle seule semble avoir compris que, pour réussir, il suffisait de donner au public quelque chose d’absolument nouveau et original. Elle a le succès. Elle a la vogue. C’est justice.

Cette troupe japonaise, toute entière excellente, encadre une grande artiste à la fois comédienne, mime, danseuse et tragédienne : Sada-Yacco, dont tout Paris raffole en ce moment. Elle nous apporte comme une brève et dernière vision de ce Japon féodal que nous n’avons pas connu et qui n’est plus ; dont, là-bas, les grandes courtisanes et les acteurs tragiques, seuls, gardent pieusement la tradition ; mais qui aussi va être submergée sous le flot de la civilisation nouvelle.

La pièce que joue Sada-Yacco, et que le public parisien s’efforce en vain de deviner, est la réduction d’un grand drame historique qui a trois cents ans de date. Dans le principe, la représentation de cette pièce dure deux journées. Elle est réduite ici à une demi-heure, ce qui explique qu’elle ne soit pas très claire, même pour qui comprend le japonais.