Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/151

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cette capitale, déchue de son antique splendeur, sont en général bordées d’arbres, et l’arbre, dans cette partie de l’Espagne, est une rareté. Les paysans prétendent qu’ils sont nuisibles et servent de refuge aux petits oiseaux, qui mangent la semence dans les sillons ; aussi, loin d’en planter, ils coupent ceux qui existent : les jardins situés hors de la ville verdoient d’une végétation assez vigoureuse, due aux saignées faites à l’Arlanzon, espèce de torrent aux eaux inégales, qui se tord dans un lit pierreux.

Nous aurions bien voulu prendre l’allée de peupliers qui conduit au couvent de las Huelgas ; mais ce que l’on gagne en célérité, on le perd en liberté, et le voyageur moderne n’est que l’accessoire très-secondaire de la voiture ; il nous fallut renoncer au plaisir de promener notre rêverie admirative sous ces cloîtres auxquels l’outrage du temps a donné une beauté nouvelle.

Pour nous dédommager, nous avions, il est vrai, la belle porte monumentale, de l’époque de la renaissance, qui s’élève au bout du pont de pierre jeté sur l’Arlanzon.

Cette porte est superbement historiée de médaillons à la romaine, de héros et de rois bibliques, d’un style