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Bayeu, de Maëlla, de tableaux de grands maîtres et de riches ameublements. L’escalier de gala est très-beau ; Napoléon le trouvait supérieur à celui des Tuileries.

Les princes devaient arriver le lendemain, et des nuées d’ouvriers se hâtaient pour terminer les échafaudages nécessaires aux illuminations. Partout retentissait le bruit des marteaux et des cognées ; de longs tire-bouchons sortaient des varlopes poussées par des bras vigoureux. Une pénétrante odeur de sapin raboté se répandait dans les airs.

Devant le portail de l’église del Buen-Suceso, qui forme un des pans de la place irrégulière qu’on nomme Puerta-del-Sol, s’élevait un édifice de charpente avec fronton, colonnes, escalier, une Madeleine de carton ; ce n’était assurément pas la peine de dépenser vingt mille duros pour cacher une jolie façade rococo par une vilaine colonnade gréco-romaine. Le Correo ou hôtel des Postes s’enveloppait également d’une armature destinée à porter des transparents et des verres de couleur.

Au bas de la rue d’Alcala, près de la fontaine de Cybèle, à l’entrée du Prado, se dessinait déjà visible le squelette d’un feu d’artifice, chef-d’œuvre d’un Ruggieri valencien.