Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/164

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s’étant sans doute reposée sur l’autre du soin d’écrire la lettre de convocation.

Depuis la porte de Bilbao jusqu’au perron du palais, les rues étaient bordées d’une haie formée de détachements des différents corps.

Il faut rendre justice à l’armée espagnole, que nous avions trouvée, en 1840, si délabrée et si mal tenue : elle est aujourd’hui une des plus belles du monde. Impossible de voir des uniformes plus brillants, des fourniments mieux astiqués, qu’on nous passe cette expression militaire, et des visages plus mâles et plus nerveux.

La cavalerie est admirablement montée ; les simples soldats ont des chevaux qui feraient honneur à des officiers.

Cette ligne continue de splendides uniformes et d’armes étincelantes papillotait au soleil le plus joyeusement du monde. Les balcons étaient encombrés de jolies femmes, et les maisons chargées de fleurs jusque sur les toits. Aucune clameur, aucune manifestation hostile ne vinrent réaliser les craintes propagées par quelques esprits inquiets. Les princes trouvèrent sur leur passage un calme bienveillant, une curiosité polie, et reçurent l’accueil qui est dû aux fils de