Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/174

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Vander Meulen : les chevaux, de race pure et de prestance superbe, étaient harnachés avec une somptuosité folle ; selon la dignité des maîtres qu’ils traînaient, ils portaient à la racine de leur panache une couronne royale ou ducale ; ces chevaux, ducs, marquis ou comtes, par leurs diadèmes, avaient la mine la plus aristocratique que l’on pût voir. — La duchesse de Montpensier avait un teint d’une pâleur éblouissante, où ressortait à ravir le velours de ses yeux noirs. — L’infant don François d’Assise tenait entre ses jambes une grosse canne à pomme d’or, insigne de sa caste. Détail caractéristique et singulier pour nous.

La cérémonie achevée à l’église d’Atocha, le cortége retourna au palais dans le même ordre, et les réjouissances commencèrent.

Sur des estrades élevées aux points les plus fréquentés de la ville, les comparses, vêtus des costumes des différentes provinces, exécutaient les danses nationales : le zorzico, les manchegas, la jota aragonesa, la cachucha, la gallega, au son d’orchestres en plein vent, où se mêlait le joyeux babil des castagnettes, et les ay ! et les ole ! inséparables de toute danse espagnole.

Les costumes auraient pu être plus exacts et plus réels. Ils sentaient un peu trop la friperie de théâtre ;