Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/189

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Les quatre équipages vinrent successivement s’arrêter sous le balcon de la reine. Les caballeros en plaza descendirent avec leurs parrains et, suivant la coutume, fléchirent le genou devant Sa Majesté, et lui demandèrent la permission de combattre ; puis ils remontèrent dans leurs carrosses, qui firent lestement le tour de l’arène, pour regagner la porte par où ils étaient entrés. Vingt-huit chevaux de bonne mine, et la plupart fringants, conduits en main par des valets de la maison royale, aux livrées roides d’or, venaient derrière les voitures sur une seule file. C’étaient les montures destinées aux chevaliers rejoncadores (qui plantent la lance). Sept portaient des selles bleues, sept des selles vertes, sept des selles paille, sept des selles roses en satin piqué, d’une fraîcheur et d’une richesse éblouissantes. Il y avait loin de ces nobles coursiers, sortis des écuries de la reine, aux pauvres rosses vouées à l’éventrement infaillible des courses ordinaires. Avec eux, on ne devait pas craindre une de ces hécatombes chevalines qui paraissent avoir pour but d’apaiser d’avance les mânes du taureau sacrifié par l’homme ; ils avaient des jarrets pour résister au choc ou s’y dérober par la fuite.

Parmi ces vingt-huit chevaux, on en choisit quatre