Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/191

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par-dessus les moulins au moment de jouer son va-tout.

Douze picadores rangés trois par trois, et assortis aux couleurs de la quadrille dont ils faisaient partie, par les nuances et les broderies de leurs vestes et de leurs selles, fermaient le cortége. Nommer Gallardo, Muñoz, Romero, Lerma, c’est dire que les plus illustres maîtres en l’art difficile de piquer se trouvaient là. Hélas ! tu manquais à la troupe, herculéen Sevilla, dont l’œil étincelant, la figure basanée et la jovialité héroïque nous ont si profondément impressionné autrefois. La lance s’est échappée de ta vaillante main, et la maladie t’a terrassé, toi qui faisais asseoir les taureaux sur leurs jarrets ! ton nom est maintenant inscrit parmi ceux des célébrités de la tauromachie, sur les écussons bleus du cirque d’Alcala, entre ceux de Pepe-Illo, de Romero, et des héros du genre. Si l’on conserve, dans l’autre monde, quelque souvenir de celui-ci, tes grands os ont dû tressaillir dans la tombe, du regret de ne pouvoir assister à cette course et y faire quelques-uns de ces beaux coups qui soulevaient des transports d’enthousiasme !

L’arrière-garde était formée par des attelages de mules, toutes folles de pompons et de grelots, destinés