Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/195

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cavaliers de place ; le señor Romero lui brisa dans le corps trois rejoncillos, et eut son cheval blessé ; le señor Varela rompit aussi une lance, et l’animal tomba mort d’un coup de pointe.

Les portes du matadero s’ouvrirent et l’attelage des mules arriva en piaffant, en se cabrant, enlevant de terre les groupes de palefreniers suspendus à leurs licous. Ce ne fut pas une médiocre besogne que de les faire assez approcher du taureau mort pour lui jeter le grapin.

Le second, de couleur marron tirant sur le noir, avec une divisa rouge et blanche, appartenant aux seigneurs-ducs, était sournois et timide ; don Miguel Romero lui porta neuf coups de lance avec beaucoup d’adresse, et le señor Varela deux, et, comme il ne mourait pas, Léon l’acheva d’une estocade ; d’un mete y saca, comme on dit en Espagne, donné sans préparation aucune.

Le troisième, à la divisa verte et blanche, d’Utrera, la patrie des bons taureaux, se précipita dans l’arène avec une impétuosité de bon augure ; mais il avait affaire à un rude champion, et l’ex-lieutenant du régiment de Marie-Christine lui fit bien voir que, bien qu’il