Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/200

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sance par les pieds et la tête, mourut le lendemain : son cheval lui avait écrasé la poitrine.

Un quatrième taureau, de Gaviria, eut bientôt terminé sa carrière : il tomba mort au troisième coup de rejoncillo que lui planta l’héroïque cavalier.

Ne voulant pas laisser plus longtemps don Miguel Antonio Romero, exposé à des dangers que désormais il courait seul, et craignant sans doute qu’excité par l’enthousiasme public il ne se livrât à des actes d’audace outrée et ne fût saisi de la folie du courage, Sa Majesté lui fit dire qu’elle était satisfaite et qu’il pouvait se retirer.

Don Miguel Antonio Romero, après avoir remercié sa gracieuse souveraine, se retira tranquille et frais, comme s’il ne se fût rien passé, s’en alla s’asseoir à un balcon, d’où il regarda tranquillement le reste de cette course, à laquelle il avait pris une part si brillante.

Le lendemain, Son Altesse royale le duc de Montpensier envoyait à don Miguel Romero l’épée qu’il portait le jour de ses noces. La poignée en était d’or curieusement ciselé, relevé d’ornements d’argent d’un goût exquis, avec le chiffre du prince. Le duc d’Abrantès faisait présent à son vaillant filleul d’une magni-