Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/302

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mage du Salut sur l’élévation du pieux édifice comme il la dessinait sur le plan.

Le Rhin avait essuyé à fond la barbe limoneuse que lui prête Boileau, et il ruisselait rapide et limpide, bouillonnant aux bateaux du pont, et laissant à découvert de grandes places de son lit, temporaires îles de sable que la première crue doit recouvrir.

Une valise de poëte n’est pas bien longue à visiter, et, au bout de quelques minutes, nous étions dans la salle d’attente, qui est en même temps une salle de restauration du petit chemin de fer badois. Les voyageurs, qui venaient probablement de déjeuner chez eux ou à leur auberge, mangeaient et buvaient déjà, car l’idéale Allemagne ne passe pas tout son temps à cueillir des vergiss-mein-nicht et à dire : « O Klopstock ! »

À chaque station importante se prélasse une sorte de chef de gare dans un uniforme assez semblable à celui de nos suisses d’église, portant en broderie le blason de la duché, et faisant faire place avec une canne à pommeau d’argent.

Comme la saison des voyages commençait à peine, le wagon n’était rempli que de gens du pays ou de véritables malades, de paralytiques sérieux se rendant