Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/326

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En face de Coblence se dresse Ehrenbreitstein, vaste château fort, occupant tout le sommet de la montagne et regardant la Moselle s’épancher dans le Rhin. Coblence a l’aspect de toutes les villes qu’on voit du milieu d’un fleuve : un quai, des lignes de maisons que dépassent les clochers des églises. Les enseignes de ses hôtels semblent avoir conservé, par leurs emblèmes monarchiques, quelque souvenir de l’émigration française.

À partir de Coblence, les montagnes s’aplanissent, et les burgs, manquant de rochers, s’espacent. On en voit encore cependant quelques-uns. Au delà d’Andernach, où se passe la scène de l’Auberge rouge, ce conte de Balzac si palpitant d’intérêt, le burg Reineck, le Rolandseck, le Kœnigswinter, le Godesberg, montrent, au sommet de quelque escarpement, leurs remparts plus ou moins démantelés, trop éloignés pour qu’on puisse saisir aucun détail.

Saluons Bonn en passant, et hâtons-nous d’arriver à Cologne (Cöln en allemand). Aussi bien le jour baisse, et le soleil semble avoir peint pour nous, sûr d’être apprécié en artiste, un de ses plus magnifiques couchers.

Peu de villes font sur le bord du ciel une dentelure