Page:Gautier - Loin de Paris.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chacun avait une pipe à la bouche et une petite montre ventrue dans la main droite : une bouffée de fumée, un coup d’œil à la montre ; un coup d’œil à la montre, une bouffée de fumée ; — ils allaient ainsi », pendant que devant eux l’on ouvrait les caisses dont on éparpillait le contenu, et cela durait mille ans, et les gens de Vondervotteitmittis — car c’étaient eux, les méthodiques, les imperturbables, que la fatalité chargeait de visiter le Kœnig, — persistaient, d’un air automatiquement placide, à souffler des bouffées de tabac… Cela durait si longtemps, que les figures des gens de l’équipage se sillonnaient de rides et prenaient, sous leurs cheveux blanchis, l’aspect de la décrépitude à son dernier terme, et la moitié des colis du Kœnig n’était pas encore inspectée !

Dans les cauchemars, il y a un moment où l’horreur portée à son comble pousse le dormeur à faire d’énergiques efforts pour se réveiller. Nous ouvrîmes les yeux brusquement et violemment, fort surpris de ne pas voir autour de nous les personnages du Diable dans le beffroi, ces types du flegme hollandais si bien décalqués, d’après Edgar Poe, par notre ami Charles Baudelaire.

Sans avoir recours, comme Agamemnon et autres