moins longtemps que chez nous ; le soleil disparaît presque subitement, et en quelques minutes il est nuit complète : aussi nous avions eu à peine le temps de faire disparaître de notre succincte toilette de voyageurs les désordres inséparables de toute navigation, que l’ombre avait enveloppé de ses plis le blanc massif d’Alger ; ce qui ne nous empêcha pas de nous lancer avec beaucoup d’aplomb à travers la ville, sans aucun guide, ne haïssant rien tant que les cicerone de profession, et nous fiant au hasard pour nous faire tomber sur les choses curieuses ; — d’ailleurs, tout n’est-il pas également curieux dans un pays neuf comme l’Afrique ?
Nous avions fait ce raisonnement fort simple : la ville haute doit s’être conservée dans toute sa barbarie originelle ; les Européens, avec leurs idées de rues larges et planes, leurs charrois et leur mouvement commercial, doivent être restés au bas de la montagne, aux alentours du port ; — toute barbarie traquée par la civilisation se réfugie sur les sommets ; les vieux quartiers sont toujours haut juchés, les quartiers neufs cherchent la plaine. Les hauts quartiers sont donc les plus intéressants ; c’est par eux qu’il faut commencer. — Pour nous retrouver dans ce dédale inextricable de rues, de ruelles, de passages, d’impasses, il suffira de