Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/108

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M. Provot pouffa de rire.

Lucienne se mit à rire aussi.

— C’est vrai, je suis folle, dit-elle, rendue lâche par ce danger nouveau ; depuis hier j’ai les nerfs très-agacés. Je ne sais pas trop ce que je fais. Ce doit être l’air de la mer. C’est pourquoi je voulais partir. Mais je reste, puisque vous le voulez. Seulement ne parlez pas. Ce que j’en dis, c’est autant pour vous que pour moi. En avouant la vérité, vous nous couvririez de ridicuie. J’ai eu des torts envers vous, pardonnez-les moi ; c’étaient les nerfs. Je fais ce que vous voulez ; je reste. Vous ne direz rien, n’est-ce pas ?

— Puisque tu me cèdes si gentiment, je n’ai aucune raison de faire quelque chose qui te contrarie, dit M. Provot, peu habitué à cette douceur, et qui en était presque ému. Si les nerfs te font mal, il faut prendre un peu d’éther, et ça passera, ajouta-t-il. Seulement je te conseille de ne pas te baigner aujourd’hui.

— Vous avez raison, mon ami, dit Lucienne, je resterai dans ma chambre ; mais que cela ne vous prive pas de votre bain.

— Crois-tu que je doive me mettre à l’eau par ce brouillard ?

— Le soleil l’a déjà à moitié dissipé, et la mer est comme vous l’aimez, unie, sans une ride.

— C’est vrai ; il faut profiter du beau temps, dit M. Provot en prenant son chapeau.

Lorsque Lucienne rentra dans sa chambre, elle y