faut. Mais votre surprise m’inquiète ; votre amour, à vous, va donc durer si peu ?
— Il durera autant que ma vie, Adrien.
— Alors, nous n’avons rien à craindre ; la volonté persistante de deux amants sait vaincre tous les obstacles. D’ailleurs, il est impossible que votre oncle refuse son consentement, puisque dans un an vous échappez à son autorité.
— Peut-être cédera-t-il, dit Lucienne, qui pâlissait en se voyant de nouveau en danger ; mais laissez-moi le décider moi-même, peu à peu, sans brusquerie.
— Elle a raison, dit Jenny ; en étant bien gentille, en le câlinant, Lucienne l’attendrira bien vite ; ce n’est pas un ogre, après tout.
Adrien demeurait préoccupé ; il sentait confusément que la jeune femme ne lui avait pas dit la vérité tout entière ; une vague jalousie le mordait au cœur.
Lucienne avait détourné la conversation ; elle parlait avec agitation de choses indifférentes, mais le regard assombri d’Adrien la remplissait d’inquiétude.
Elle donna bientôt le signal du départ, et l’on redescendit silencieusement vers la plage.