Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/157

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debout aussitôt qu’elle et il l’attira avec emportement contre sa poitrine.

— Non, tu ne partiras pas ! lui dit-il, pâle et les dents serrées, ces bras qui se ferment sur toi ne se rouvriront plus.

— Adrien ! est-ce bien vous ? … murmura Lucienne en essayant de se dégager.

Les lèvres du jeune homme étouffèrent ses paroles. Lucienne sentait sa raison lui échapper, l’idée de lutter faiblissait dans son esprit. Cependant, instinctivement, elle se défendait encore, presque épouvantée de cette étreinte qui l’étouffait, de ce baiser qui mordait.

Mais Adrien, brusquement, la repoussa loin de lui.

— Va-t-en ! va-t-en ! lui cria-t-il.

Lucienne chancela un instant, puis elle ouvrit la porte d’un mouvement fébrile et s’enfuit.

Elle courut jusqu’à sa chambre, y entra précipitamment et referma la porte.

Mais alors elle poussa un cri d’horreur. M. Provot était là, assis sur le canapé, la regardant d’un air goguenard.

C’était donc fatal ! quand elle oubliait le passé, quand l’ivresse de son amour était à son comble, toujours cet homme s’avançait et la rejetait brutalement dans la réalité.

— Enfin ! dit-il, vous voilà ! Je commençais à désespérer de vous voir sortir de cette chambre. Il paraît que votre nouvel amant vous plaît mieux que