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XV


Le trajet de Rouen à Paris s’acheva sans une parole échangée entre Lucienne et M. Provot. La jeune femme, le front appuyé contre la vitre, dévorait ses larmes. Le vieillard, irrité de la douleur des deux amants qui s’étaient si peu cachés de lui, commençait à se détacher pour tout de bon de Lucienne et à entrevoir avec plus de sang-froid une séparation possible.

Il avait espéré, quand ils seraient seuls, qu’elle allait lui parler, s’excuser un peu. Mais il semblait ne plus exister pour elle ; et ce silence méprisant mit le comble à sa colère.

Arrivés à Paris, il descendit le premier du wagon, et, sans offrir la main à sa compagne, sans se retourner, il s’éloigna.

Lucienne le suivit d’un regard sincèrement joyeux. Elle était donc libre, enfin ! Rien et personne ne s’opposait plus à l’accomplissement de ses projets.

Mais les difficultés restaient dans les projets eux-mêmes. Que d’obstacles à surmonter, que de problèmes à résoudre, avant de pouvoir commencer la