Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/179

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Lucienne, tout en suivant son guide, regardait de côté et d’autre et n’osait pas s’avouer qu’elle avait un peu peur toute seule dans ce village, au milieu de ces inconnus qui collaient leurs visages aux fenêtres pour la voir passer.

Le gamin tourna un angle et déboucha sur une petite place plantée d’arbres. Au milieu, on voyait la vasque d’une fontaine, et, derrière les arbres, le porche ogival d’une vieille petite église. La brouette s’arrêta net devant une palissade peinte en vert et coupée par une porte à claire-voie, au-dessus de laquelle, sur une planche arrondie en demi-cercle, on pouvait lire :


Venue Bourguignon. Loge à pied.


L’enfant poussa la porte et courut prévenir à l’intérieur, tandis que Lucienne pénétrait dans le petit jardinet, long de quelques pas, qui précédait la maison.

L’hôtesse vint au-devant de Lucienne avec le sourire banal au service de tout le monde ; elle s’essuyait rapidement les mains à son tablier, et s’avançait en toute hâte, faisant claquer ses galoches sur les deux marches de pierre du seuil.

— Qu’est-ce qu’il y a pour votre service, ma belle demoiselle ? dit-elle.

— Puis-je loger chez vous pendant quelques jours ? dit Lucienne.

— Mais où donc que vous pourriez loger, si ce n’était pas chez moi ? s’écria gaiment l’hôtesse.