Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/210

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Les voisines se regardèrent étonnées.

— Oui, dit le père Grialvat, la bonne demoiselle veut qu’on fasse à Marie de belles funérailles et qu’elle repose dans un riche tombeau, elle qui n’a rien eu en ce monde. Elle sera enterrée à Paris, dans la sépulture même de la demoiselle…

— Et je veux, dit Lucienne en se levant, écrire tout de suite à Paris pour commander la cérémonie.

Ces paroles causèrent une vive surprise, mais on n’osa rien objecter.

On alla lui chercher de quoi écrire.

— Quels étaient ses noms et quel âge avait-elle ? demanda la jeune femme la plume à la main.

— Marie-Louise Grialvat, âgée de vingt-sept ans et trois mois, dit le père.

Lucienne écrivit :

« Vous êtes prié d’assister aux service, convoi et enterrement de mademoiselle Lucienne Perrault, décédée le 8 novembre, dans sa vingt-et-unième année, qui se feront à l’église Notre-Dame de Lorette, le jeudi 10 novembre, à midi précis.

» On se réunira à onze heures à la gare de Lyon. » 

Et sur-le-champ, à l’aide des renseignements qu’elle avait pris avant de quitter Paris, Lucienne écrivit, en signant Grialvat, à une agence funéraire, dont la fonction est de se charger de toutes les pénibles démarches que nécessite un enterrement. Elle commanda un convoi de troisième classe. Elle avait préparé une liste des adresses où l’on devait envoyer les lettres de faire-part. Elle y joignit l’a-