Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/212

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Le père Grialvat accompagna Lucienne à la gare.

— Adieu, mam’zelle, dit-il, puissiez-vous être heureuse et fortunée pour tout le bien que vous nous avez fait !

Arrivée à Paris, Lucienne quitta la gare en toute hâte. Elle craignait d’être vue et reconnue malgré sa mise modeste et son voile épais. Elle se fit conduire dans le premier hôtel venu, où elle laissa sa valise ; puis elle se rendit à l’église où devait avoir lieu le service funèbre.

On finissait d’accrocher les draperies blanches au portail de Notre-Dame-de-Lorette. Lorsqu’elle arriva, elle vit la lettre initiale de son nom au milieu de l’écusson et éprouva un petit froid au cœur.

L’église était déserte encore ; elle y entra et gagna une des chapelles latérales, où elle put se blottir à l’ombre d’un confessionnal.

Elle avait une âpre curiosité de tout voir jusqu’à la fin, et il lui semblait vraiment qu’elle allait assister à son propre enterrement.

On terminait les apprêts au maître-autel ; les tréteaux sur lesquels on devait poser le cercueil étaient placés entre deux rangs de cierges. Bientôt le suisse sortit de la sacristie en grande tenue, et s’avança en mettant ses gants de filoselle blanche et en faisant crier ses souliers vernis.

Plusieurs des connaissances de Lucienne, qui n’avaient pas voulu aller jusqu’à la gare de Lyon, se rendirent directement à l’église et arrivèrent un peu avant l’heure. Lucienne les reconnut de loin : ils se