Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/222

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assise près de la cheminée dans laquelle pétillait un feu de coke ; elle faisait de la tapisserie en face de madame Dumont, séparée d’elle par une petite table à ouvrage qui supportait une lampe. La mère de Max travaillait aussi à une tapisserie, tandis que son fils, assis sur un siège bas, faisait du filet.

À quelque distance, était dressée une table de whist, et quatre personnes jouaient gravement : M. Maton, le plus riche armateur de la ville, un homme trapu et carré, au teint plus sombre que les cheveux, vulgaire et de bonne humeur ; M. Dumont, qui emprunte à ses moustaches blanches un air militaire. C’est un caractère taciturne, sans esprit et un peu féroce ; le docteur Pascou, l’aimable spirite toujours souriant, qui correspond avec l’inconnu. Le quatrième partner était un jeune homme long et maigre nommé Félix Baker, mais qu’on appelait simplement M. Félix ; il est employé au télégraphe et a la passion du vélocipède.

La compagnie était silencieuse. Depuis longtemps la conversation était tombée, et personne ne s’efforçait de la ramasser. L’arrivée d’un nouveau personnage la ranima cependant.

— Voici le docteur Dartoc ! s’écria Max.

— Bonsoir, docteur, dit madame Maton, en tendant la main par-dessus son épaule.

Le jeune médecin s’avança d’un air languissant et donna une poignée de main à chacune des personnes présentes. Puis il se laissa tomber avec accablement dans un fauteuil.