Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/229

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ter ses provisions, l’aidait à ranger son petit ménage et ne revenait plus de la journée.

Mais la jeune modiste semblait se plaire dans cet abandon, et, le jour où elle vit s’arrêter devant sa porte la vieille voiture de madame Dumont, elle se leva brusquement toute surprise et confuse.

Max descendit le premier, après avoir fait de nombreux efforts pour ouvrir la porte ankylosée ; puis il tendit la main à sa mère et à madame Maton, et tous trois entrèrent dans la boutique.

Une sorte de fausse honte faisait rougir la jeune fille, qui salua avec embarras.

Elle offrit des chaises cependant, et son regard demanda ce que ces dames désiraient.

Madame Maton posa sur la table le paquet qu’elle avait apporté et déploya le papier qui l’enveloppait.

— Nous sommes sans doute indiscrets, dit-elle, peut-être ne vous chargez-vous pas des arrangements.

— Mais si, madame, je m’en charge très-volontiers, dit la modiste en prenant le chapeau un peu fané que lui tendait sa cliente.

— Voici ; je voudrais des rubans de velours, au lieu de ces rubans de taffetas, et ici une couronne en feuilles de jais.

— C’est facile, dit la jeune fille.

— Vous avez là de bien jolis chapeaux, dit madame Dumont ; est-ce que c’est nouveau ?

— Ce sont les derniers modèles, madame.

— Vous êtes de Paris, n’est-ce pas ?