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VIII


En la reconduisant chez elle, M. Lemercler avait dit à Lucienne :

— C’est demain dimanche ; donc, tu es libre. Stéphane arrive à cinq heures, tu dîneras avec nous.

C’est pourquoi elle se dirigea, le lendemain, au milieu du jour, vers la maison du marin. Mais avant d’entrer au chalet, elle monta jusqu’à la ferme d’Argent pour revoir le petit bois à l’ombre duquel elle avait annoncé à Adrien sa résolution de vivre trois ans loin de lui.

Le bois était bien changé ; il se laissait pénétrer du regard dans toute son étendue, et entre les minces branches et les broussailles dépouillées, on voyait, de l’autre côté, les champs, comme à travers les mailles d’un filet.

À terre, sous la neige qui fondait aux premières tiédeurs du printemps, les mousses étaient restées vertes, mais elles disparaissaient presque entièrement sous les feuilles mortes, qui formaient une couche épaisse et tout imbibée d’eau. Le vieux banc était effondré d’un côté. Lucienne le releva à peu près et s’y assit avec précaution.