Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mort ! mort ! murmurait-elle d’un air égaré.

Elle arriva à la gare qui était fermée encore et déserte. Alors elle secoua avec fureur la barrière de bois, elle cria, elle appela, mais personne ne vînt. Il fallut attendre encore de longues heures. Quand les employés arrivèrent enfin, ils la prirent pour une folle. Mais comme elle pariait de mort, ils crurent que c’était une personne appelée brusquement par sa famille à l’occasion d’un décès, et ils l’excusèrent.

Elle prit le premier train qui passa, et arriva à Rouen avant huit heures ; elle se jeta dans un fiacre et cria l’adresse au cocher. Celui-ci comprit, au son de cette voix affolée qu’il fallait se presser, et il partit au grand trot.

La voiture s’arrêta bientôt devant la maison du cours Boïeldieu.

Lucienne regarda cette maison, essayant de deviner, à travers les murs, ce qui se passait à l’intérieur ; elle lui inspirait une sorte de crainte respectueuse. Elle hésitait à sonner, mais son hésitation fut de courte durée ; elle se précipita sur le timbre. On lui ouvrit aussitôt ; le domestique était dans le vestibule, qu’il balayait.

— M. Adrien Després ? dit Lucienne d’un air hagard.

— Il est bien matin, madame, dit le domestique. Si c’est pour une affaire, monsieur ne reçoit qu’à parLir de dix heures. À moins qu’il n’ait pris rendez-vous avec madame. Cependant, il ne m’a pas dit hier