Page:Gautier - Lucienne, Calmann Lévy, 1877.djvu/330

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— Mais je n’ai pas du tout besoin de chapeaux dit la jeune femme. Est-ce que vous êtes de Paris ? ajouta-t-elle après un silence.

— Oui, dit Lucienne.

— Oh ! alors, c’est différent. Je ne suis pas contente de ma modiste ; peut-être m’arrangerez-vous mieux.

Elle jeta son ouvrage dans une corbeille et se leva.

— Voyons, dit-elle.

Elle ouvrit elle-même le carton, regarda les chapeaux et les essaya l’un après l’autre.

— Ah ! la coquetterie ! disait-elle en se mirant. Peut-on résister à la tentation ? il me semble toujours qu’une nouvelle coiffure me rendra plus jolie et j’ai si fort envie d’être jolie ! Ne trouvez-vous pas que cette couleur me pâlit trop ? Celle-ci va mieux, mais la forme du chapeau m’écrase la figure… Celui-ci plutôt.

Lucienne était immobile comme si elle eût été de pierre.

— Ma foi ! s’écria la jeune femme, ils sont tous charmants, je ne sais pour lequel me décider ; je vais consulter mon mari.

— Adrien ! dit-elle, en haussant la voix, pour être entendue d’une chambre voisine ; veux-tu venir un instant ?

Lucienne crispa sa main au bord d’un meuble pour ne pas tomber.

Adrien entra. Une expression grave et sévère at-