Page:Gautier - Mémoires d'un Éléphant blanc, Armand Colin et Cie, 1894.djvu/125

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Qu’allait devenir Parvati, hélas ! seule dans la forêt, si j’étais étouffé par ce monstre ?

Et toujours, peu à peu, la vivante corde se serrait autour de moi. Je ne pouvais plus bouger malgré mes efforts et le sang sifflait à mes oreilles, sous l’étranglement progressif.

Alors je me jetai par terre, me roulant frénétiquement, écrasant mon ennemi sous moi, le déchirant aux épines.

La lutte fut longue. Mais enfin, je sentis le froid et gluant étau mollir, se relâcher, puis se détendre tout à fait.

Je me relevai, soufflant de tous mes poumons. Le serpent flasque, inerte, s’allongeait à terre, ondulant encore mollement, pareil à un ruisseau de sang et d’encre.

Je me mis à le piétiner, à le déchirer avec mes défenses, à en faire une bouillie.

Quand j’eus bien usé ma colère, fier et content, je cherchai Parvati.

Ah ! combien je me repentis du crime d’avoir voulu l’enlever !

Ma princesse était étendue sur le sol, toute blanche, immobile, comme morte !