Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rayons du soleil, qui s’étend de Tarifa à Port-Vendres, en passant par Gibraltar, Malaga, Alicante, Almeria, Valence, Barcelone, les pauvres bêtes dépérissaient à vue d’œil. Leurs yeux, détachés par la maigreur, leur jaillissaient de plus en plus de la tête. Ils louchaient chaque jour davantage, et sous leur peau vague et flasque leur petit squelette se dessinait de station en station, plus visible. C’était vraiment un spectacle attendrissant que ces lézards poitrinaires, se traînant d’un air macabre et n’ayant plus la force d’allonger leur langue gluante vers les mouches que nous allions leur chercher à la cuisine du navire. Ils moururent à quelques jours l’un de l’autre ; et la bleue Méditerranée fut leur tombeau.

Des caméléons aux lézards, la transition est facile. Notre plus jeune fille reçut en cadeau un lézard pris à Fontainebleau, qui s’attacha fort à elle.