Page:Gautier - Ménagerie intime (Lemerre 1869).djvu/116

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et nous le regrettons fort, car nous aimons les chevaux comme si nous avions cinq cent mille livres de rente, et nous partageons l’avis des Arabes sur les piétons. Le cheval est le piédestal naturel de l’homme ; et l’être complet est le centaure, si ingénieusement inventé par la mythologie.

Cependant, quoique nous ne soyons qu’un simple lettré, nous avons eu des chevaux. Vers 1843 ou 1844, il se rencontra dans le sable du journalisme, passé à l’écuelle de bois du feuilleton, assez de paillettes d’or pour espérer pouvoir nourrir, en dehors des chats, des chiens et des pies, deux autres bêtes un peu plus grosses. Nous eûmes d’abord deux ponies du Shetland, grands comme des chiens, velus comme des ours, qui n’étaient que crinière et queue, et vous regardaient si amicalement, à travers leurs longues mèches noires, qu’on avait