Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/161

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même les poursuites dirigées contre le torero.

Argamasilla et Covachuelo, cet Oreste et ce Pylade de l’arrestation, s’étaient mis en campagne pour découvrir et arrêter Juancho ; mais ils procédaient avec beaucoup de délicatesse, vu les mœurs notoirement farouches du compagnon ; on pouvait même croire, et des envieux qui jalousaient la position des deux amis l’affirmaient hautement, que Covachuelo et Argamasilla prenaient des informations pour ne pas se rencontrer avec celui qu’ils étaient chargés de prendre ; mais un espion maladroit vint dire qu’on avait vu entrer le coupable dans la place des Taureaux, d’un air aussi calme que s’il n’avait rien sur la conscience.

Il fallut donc s’exécuter. Tout en marchant à l’endroit désigné, Argamasilla disait à son ami :

« Je t’en prie en grâce, Covachuelo, ne fais pas d’imprudence ; modère ton héroïsme ; tu sais que le gaillard a la main leste ; n’expose pas la peau du plus grand homme de police qui ait jamais existé à la furie d’un brutal.

— Sois tranquille, répondit Covachuelo, je ferai tous mes efforts pour te conserver ton ami. Je ne serai brave qu’à la dernière extrémité, lorsque j’aurai épuisé tous les moyens parlementaires. »

Juancho, en effet, était entré dans le Cirque, afin de voir les taureaux qu’on venait d’enfermer pour