Page:Gautier - Militona, Hachette, 1860.djvu/53

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de Paris ou de Londres, et le messager d’Andrès ne revenait pas ; quand même la jeune fille eût logé à l’extrémité opposée de la ville, à la porte San-Joachim ou San-Gerimon, le jeune drôle eût eu le temps, et bien au-delà, de faire deux fois la course, surtout en considérant que, dans la première partie du voyage, il était perché sur l’arrière-train de la voiture.

Ce retard étonna et contraria vivement Andrès, qui ne savait où retrouver son émissaire, et qui voyait ainsi se terminer au début une aventure qui promettait d’être piquante. Comment se remettre sur la piste une fois perdue, quand on ne possède pas le plus petit indice pour se guider, pas un détail, pas même un nom, et qu’il faut compter sur le hasard décevant des rencontres ?

« Peut-être est-il arrivé quelque incident dont je ne puis me rendre compte ; attendons encore quelques minutes », se dit Andrès.

Profitant de la permission d’ubiquité accordée aux conteurs, nous suivrons le calesin dans sa course rapide. Il avait d’abord longé le Prado, puis s’était enfoncé dans la rue de San-Juan, ayant toujours l’émissaire d’Andrès accroché des pieds et des mains à ses ressorts ; ensuite il avait gagné la rue de los Desamparados. Au milieu à peu près de cette rue, le calesero, sentant de la surcharge, avait envoyé au pauvre Perico, avec une dextérité extrême, un