Page:Gautier - Poésies de Th. Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres.djvu/21

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sion en Belgique. Je ne puis décrire l’enchantement où me jeta cette poétique et sauvage contrée, rêvée à travers les Contes d’Espagne et d’Italie d’Alfred de Musset et les Orientales d’Hugo. Je me sentis là sur mon vrai sol et comme dans une patrie retrouvée. Depuis, je n’eus d’autre idée que de ramasser quelque somme et de partir ; la passion ou la maladie du voyage s’était développée en moi.

En 1845, aux mois les plus torrides de l’année, je visitai toute l’Afrique française et fis, à la suite du maréchal Bugeaud, îa première campagne de Kabylie contre Bel-Kassem-ou-Kasi, et j’eus le plaisir de dater du camp d’Aïn-el-Arba la dernière lettre d’Edgar de Meillan, dont je remplissais le personnage dans le roman épistolaire de la Croix de Berny, fait en collaboration avec Mme de Girardin, Méry et Sandeau.

Je ne parlerai pas d’excursions rapides en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en Suisse. Je parcourus l’Italie en 1850, et j’allai à Constantinople en 1852. Ces voyages se sont résumés en volumes. Plus récemment, une publication d’art, dont je devais écrire le texte, m’envoya en Russie en plein hiver, et je pus savourer les délices de la neige. L’été suivant, je poussai jusqu’à Nijni-Novgorod, à l’époque de la foire, ce qui est le point le plus éloigné de Paris que j’aie atteint. Si j’avais eu de la fortune, j’aurais vécu toujours errant. J’ai une facilité admirable à me plier sans effort à la vie des différents peuples. Je suis Russe en Russie, Turc en Turquie, Espagnol en Espagne, où je suis retourné plusieurs fois par passion pour les courses de taureaux, ce qui m’a fait appeler, par