Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/120

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rose de Heilbronn, avec des ogives en cœur, des colonnettes et des ornements d’un goût oriental, que surmontent plusieurs dômes à la façon des mosquées. Chose rare pour un monument moderne, on ne peut le prendre ni pour une caserne, ni pour un marché, ni pour une Bourse, ni pour un théâtre, ni pour un palais, ni même pour une église ; — c’est bien une synagogue. L’architecte a su écrire la destination de l’édifice dans les lignes de son plan.

Saluons, en passant, la statue un peu lourde de Gœthe, modelée par Schwanthaler et fondue par Stiglmaier. Les bas-reliefs du socle, représentant les principales créations du poëte, valent mieux que son effigie, mais cependant ne sont pas bien bons. Le tout crie assez haut à l’attention distraite :

Onorate l’altissimo poeta !

Le chemin de fer du Taunus, où nous montons après dîner, nous transporte en deux ou trois heures à Wiesbaden. Nous aimons assez à entrer le soir dans une ville inconnue. Entre la lumière et l’ombre, l’imagination a du jeu. Des lignes inflexibles, des couleurs crues ne l’arrêtent pas. Nous suivons en voiture une avenue