Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/121

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bordée d’hôtels et de palais dont le gaz fait ressortir la blancheur. C’est beau, large, grand, propre, riche, neuf, confortable, élégant, moderne, bref une ville que la fashion de toutes les capitales doit trouver charmante. Figurez-vous une tranche du West-End de Londres posée le long d’une promenade.

À peine débarqué à l’hôtel des Quatre-Saisons, qui a au-dessus de sa porte une inscription latine renfermant un calembourg médical, nous courûmes au Kursaal ou Maison de conversation.

Deux longues galeries couvertes, et, s’il ne pleut pas, deux belles allées de platanes vous conduisent à un portique hexastyle surmonté d’un fronton grec dont l’architecture ne nous plaît guère, mais qui pourrait précéder un palais tout aussi bien qu’un casino.

Au milieu s’étend une pelouse où deux fontaines au milieu d’une pièce plate font effranger à leurs vasques une eau qui ne tarit jamais.

Bien que nous ayons vu, à travers nos travaux, autant d’hommes et de villes que le fils de Laërte, les zigzags de nos courses nous ont toujours éloigné des villes d’eaux et de jeux. Le jeu était donc pour nous un spectacle nouveau. Aussi traversâmes-nous à la hâte les magnifiques salons du Kursaal, tant nous étions