Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/139

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taisies serait de faire un duplicata de la cour des Lions au milieu d’un de nos parcs. »

Cette phrase échappée au désir d’un pauvre poëte habitué à voir s’envoler ses chimères, le roi de Wurtemberg se l’est dite, et le rêve s’est accompli.

Ce n’est pas une chose rare qu’un roi se fasse bâtir un château énorme, magnifique, splendide ; mais qu’il réalise aussi absolument une fantaisie ingénieuse, délicate et charmante ; qu’il la mène à bout avec une telle perfection de détails et un soin si curieux et si persévérant, c’est ce qui ne se voit ni tous les jours, ni tous les siècles, et surtout lorsque nulle idée d’éblouir ne s’y mêle.

Pendant que nous écrivons ces lignes, une triste nouvelle nous parvient par la Presse :

« Tous les correspondants de Stuttgart ont raconté des merveilles de la villa du roi de Wurtemberg, la Wilhelma, près de Cannstadt, quoiqu’un seul d’entre eux peut-être ait été admis à la faveur de visiter ce magique palais. M. le docteur Zanth, architecte du roi, qui avait construit cette royale résidence, vient d’expirer le 6 de ce mois, au moment où l’empereur de Russie détachait vers lui le prince Gortschakov pour lui remettre la croix de l’ordre de Stanislas. »