Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/161

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galanterie font tous les frais de la guerre ; l’épée s’en mêle aussi. Le marquis d’O fait face à tout, il déjoue les embûches, il évite un piége, il pare une attaque et se défend si bien, qu’il sort de la lutte l’amour-propre et le cœur sains et saufs. La mercière est sauvée et la marquise n’a plus rien à craindre.

Cette petite comédie, pleine de mouvement et de surprises, a été jouée avec un remarquable talent par M. Bressant et mademoiselle Fix, M. et madame Lagrange. Bressant a eu toute l’ironie et la hauteur que comportait le rôle du marquis d’O : on sait avec quelle allure fière, quelle parfaite aisance il porte l’épée et l’habit brodé. L’accueil qu’il a reçu a pu lui faire croire qu’il était encore à la Comédie-Française. Mademoiselle Fix, chargée du rôle coquet de Geneviève, a mis dans cette création toute la grâce et l’esprit de son talent si vif et si fin. M. et madame Lagrange qui interprétaient les rôles du vicomte de Morsan et de la marquise d’O, ont complété cet ensemble par les qualités charmantes qu’on leur connaît : beaucoup d’entrain, de verve et de chaleur chez M. Lagrange ; une rare élégance, la plus aimable distinction, la plus touchante sensibilité chez madame Lagrange.

Voilà certes une journée bien remplie, et l’on mérite