Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/168

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portent sur une seule, ces cinq arches brodées et fleuronnées sont byzantines ou moresques. C’est un incroyable mélange de pierres, de marbres, de porphyres, de briques, de granits, de mosaïques et de fresques, de dorures et de statues, d’arabesques folles et hardies, de piliers ventrus et de colonnes frêles, qui n’a pas d’exemple au monde et qui n’en saurait avoir. Il faudrait un volume pour décrire l’intérieur ; on dirait une caverne fouillée dans le roc vif avec des stalactites d’or et de pierreries. Les quatre fameux chevaux de bronze caracolent sur le portail.

La torre dell’Orologio, bâtie en 1496, sur les dessins de Carlo Rinaldi, avec son cadran, qui, outre les heures, marque les mouvements de la lune et du soleil, avec sa madone dorée, ses anges en adoration, son lion sur champ d’azur étoilé, son doge à genoux, sa cloche où deux jacquemars, représentant des Mores, frappent l’heure de leur marteau au grand réjouissement de la multitude.

Les trois grands étendards, supportés par des piédestaux de bronze d’un travail exquis, d’Alessandro Leopardi, auxquels, les jours de fête, on append trois flammes de soie et d’or qui se déroulent gracieusement à la brise de la mer.