Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/174

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rement plus fidèles qu’au premier ; il est bien rare qu’on se quitte : quand il n’y a plus d’amour, l’amitié le remplace ; quand il n’y a plus d’amitié, l’habitude en tient lieu. On ne saurait rien voir de moins romanesque et de plus bourgeois.

Quant à la beauté des femmes italiennes, dont nos jeunes modernes se sont enthousiasmés sur la foi de Byron, elle n’a rien de bien extraordinaire. Malgré la dénomination générale de beau sexe, en Italie comme ailleurs, les laides sont en majorité : de grandes têtes droites, un peu trop fortes pour le corps, et tout à fait classiques, un coloris mat et sans transparence, la gorge mal faite et la taille épaisse ; ce qu’elles ont de plus beau, ce sont les mains et les épaules. Quoi qu’en dise le noble poëte, qui probablement avait ses raisons pour cela, les Anglaises l’emportent sur elles de toutes les manières.

Je ne comprends guère non plus l’admiration de nos gothiques pour cette ville. Il y a très-peu d’ogives ; à l’exception du palais Ducal et de Saint-Marc, toutes les fabriques sont de cette architecture que l’on ne se fait pas faute ici d’appeler rococote et perruque. L’ionique y abonde, le corinthien est en grand honneur ; le dorique n’y est pas mal vu ; le toscan et le composite se