Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/24

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Jamais architecture ne fut plus significativement sépulcrale et n’invita mieux à se coucher en long sur une pierre, à l’ombre des voûtes basses, jusqu’à l’appel de la trompette. Aussi fût-ce avec un sentiment de plaisir que, remonté à la surface, nous revîmes le ciel brillant à travers les hautes fenêtres de la nef.

Une surprise nous attendait à la salle capitulaire. D’une chemise de vieux damas, on nous sortit une cassette renfermant la chasuble de saint Reguabert, — une cassette d’ivoire avec des coins, des ferrures et des incrustations d’argent ! un chef-d’œuvre, une merveille venant du trésor d’Haroun-al-Raschild pour le moins ! Des paons adossés, affrontés, déployant leur queue ocellée à travers des feuillages mats ou brunis, formaient le système de l’ornementation : les plaques d’ivoire, d’une grandeur extraordinaire, avaient dû être sciées en spirale dans les défenses des plus gros éléphants. Toute la richesse du goût oriental le plus pur brillait dans ce joyau, écrin d’une relique. En l’examinant de plus près, nous découvrîmes sur la garde de la serrure une inscription arabe où nous reconnûmes le nom d’Allah. « Au nom du Dieu clément et miséricordieux, bénédiction complète et grâce générale ; » tel est le sens de la légende, qui ne messied pas à la pieuse