Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chandises arrangé avec goût contenait les salles à manger, et les cuisines desservies par Potel et Chabot. Un cabinet de lecture, une boîte aux lettres, un bureau de renseignements montraient toute la sollicitude de la Compagnie pour ses hôtes.

C’était un coup d’œil charmant que toutes ces tentes de toile ou de coutil, installées avec une précision militaire, et dont les pans relevés permettaient de voir le mobilier neuf, propre et confortable. Chaque tente renfermait trois lits, et les cartes de logement étaient distribuées de manière à grouper des amitiés, des sympathies ou tout au moins des connaissances.

La nôtre était située sous un hangar dans un angle du camp, et précédée d’un jardinet de lierre d’Irlande et de bruyères en fleur. Nous avions déjà vécu sous la tente lorsque nous accompagnâmes le maréchal Bugeaud, en 1845, dans l’expédition de Kabylie ; aussi notre emménagement fut-il bientôt fait.

« À la gare comme à la guerre, » disaient les Parisiens, qui, à peine débarqués, saluaient leurs habitations de toile d’un calembour approximatif.

Tout en nous promenant dans les allées, nous songions que ce camp de la gare improvisé pour une circonstance deviendrait un des besoins, une des né-