Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/354

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Quel plaisir de parcourir ainsi l’espace avec la rapidité fluide de l’oiseau !

Regardez bien vite à votre droite avant que le tourbillon vous ait emporté, ce petit pavillon rose à contrevents verts, avec sa tente rayée de rouge et son corps de logis gris de souris effrayée : c’est de là que sont partis tous ces beaux livres qui vous amusèrent tant, tous ces feuilletons que vous dévoriez.

Honoré de Balzac a demeuré là ; vous êtes aux Jardies.

Sans le chemin de fer, eussiez-vous jamais connu les Jardies autrement que de nom ?

Remerciez donc le chemin de fer ; peut-être, grâce à lui, avez-vous vu, un jour, l’introuvable cénobite accoudé à la fenêtre et rêvant dans son froc de moine.

Mais nous voici arrivés ; car le wagon va plus vite que notre plume.

Quelle admirable salle que la galerie du débarcadère avec ses jours pris d’en haut, comme dans l’Alhambra, ses colonnes renaissance et ses boiseries de chêne et ses portes à coulisse !

Il n’y a rien là d’inutile, et cependant l’aspect est