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de porte, quelque ornement sculpté, quelque lucarne ouvragée montrant qu’à cette belle époque, l’art ne dédaignait pas d’apposer son cachet aux constructions les plus humbles et de l’usage le plus vulgaire.

Il faut bien vous dire la légende du lieu, — la cause célèbre ; — nous le ferons en aussi peu de mots que possible, empruntés à un petit livret local. Ce château était habité autrefois par une famille de Ravalet qui avait la seigneurie de Tourlaville. Convaincus du crime d’inceste, deux enfants de cette maison, Julien de Ravalet et la belle Marguerite, sa sœur, femme de noble homme Jean le Faulconnier, furent condamnés à mort et exécutés sur la place de Grève, à Paris, le 2 décembre 1603.

La tradition orale attribue aux ancêtres de ces suppliciés une série de crimes. Leur père, Jean de Ravalet, gentilhomme de la chambre de Louis XIII, et Madeleine de Lavigne, leur mère, ainsi que Jean de Ravalet, abbé de Hambie, leur oncle, firent diverses fondations pieuses pour effacer ces crimes héréditaires.

Voilà le fait réduit à sa plus simple expression ; mais ce souvenir suffit pour donner un intérêt dramatique et romanesque à ce manoir demi ruiné et d’apparence si paisible, où régnait une sorte de fatalité mons-