Page:Gautier - Quand on voyage.djvu/96

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mais les chulos, en agitant leurs capes, l’ont amené du côté des picadores, qu’il n’apercevait pas ou qu’il craignait ; trois fois il a fondu sur les chevaux ; mais le bras de fer des picadores et la pointe des varas l’ont maintenu. Ne se souciant plus de ces attaques inutiles, il s’est remis à poursuivre les chulos qui l’agaçaient de leurs mantes brillantes ; puis la trompette a sonné.

Le drame du taureau a invariablement trois actes, comme les comédies de cape et d’épée : les piques, les banderilles et le glaive, qui forment l’exposition, le nœud, le dénoûment. — C’était le second acte ; quatre paires de banderilles furent très-prestement posées à l’animal, dont les hameçons qui arment ces sortes de flèches enjolivées de découpures en papier de couleur, parvinrent enfin à exciter la colère ; le clairon fit entendre une fanfare, et Dominguez, après le salut d’usage, s’avança vers son adversaire cornu, l’épée d’une main et la muleta de l’autre. La muleta est un morceau d’étoffe rouge qui pend à un bâton tenu transversalement, seul bouclier de l’homme attaquant en veste de satin, en culotte et en bas de soie, une bête formidable et furieuse. Au bout de quelques passes faites avec beaucoup de grâce et d’adresse, Dominguez se piéta, laissa fondre le taureau sur lui et le mit à mort d’un mete y saca admi-